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Heurs – bonheur et malheur

Jean-Claude Lavigne et Patrick Vincelet, Cerf, 2021, 250 p. – 20 €

Se mettre entre parenthèses, oublier le nombril obnubilant de son existence et quitter la paralysie face au mal, c’est l’ambition de ce dialogue entre un dominicain et un philosophe aux antipodes du « bisounounours » de la naïveté de l’espoir et du « soleil noir » de l’absurdité. L’intitulé de l’ouvrage – Heurs, bonheur et malheur – est un concentré du cheminement de la pensée de ses auteurs, certes il peut y avoir malheur et bonheur dans toute vie humaine mais il y a bonheur dans le croisement des visages et de paysages, le défi de l’existence est de trouver les points faibles du malheur pour le « terrasser » ou le « déchirer » un peu. La fraternité, l’amitié ou plus généralement l’accompagnement permet d’appréhender un équilibre toujours en mouvement entre bonheur et malheur. Bien sûr l’approche chrétienne à partir de la Bible est le fil rouge de cette pensée, Saint Augustin et Thomas d’Aquin sont là en contrepoint de Schopenhauer, Kierkegaard ou Cioran mais le débat n’est pas esquivé, il est enrichi par ces questions ou exemples concrets dont la philosophie a le secret pour capter notre attention et conduire le raisonnement. Ce livre n’est pas un traité de philosophie dont l’attrait serait réservé à un succès d’estime mais une sorte de dialogue à la manière de Socrate, une pédagogie de l’espérance surplombant les bonheurs ou malheurs de la vie.

Bernard de Gouttes