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La Route de la Foi

Jean-Pierre Rey, préface du père Vincent Sénéchal, éd. Glyphe, 2022, 194 p. – 16 €

Ancien conseiller en gestion, Jean-Pierre Rey se consacre, désormais, à la littérature. Après Itinérance et Moi, Moustache, chien-soldat, héros des guerres napoléoniennes, il présente, sous le titre La Route de la Foi, une biographie d’un arrière-grand-oncle, fils de paysans aveyronnais, Eugène-Maurice Verdeille (1875-1940). Repéré par le curé du village, le jeune Maurice entre au séminaire de Rodez, puis à celui des Missions étrangères à Paris, pour devenir prêtre missionnaire en Asie. Longtemps objet de fierté familiale, Maurice tombe dans la Géhenne lorsqu’on apprend que, en 1910, il a défroqué pour épouser une Tonkinoise… Lorsque l’auteur, adolescent, se risque d’évoquer le sujet en famille, il est gratifié d’une gifle… Plusieurs décennies plus tard, Jean-Pierre Rey écrit une biographie qui dément en partie les racontars de l’époque. Arrivé en Chine en 1900, Maurice fut confronté à la guerre des Boxers. Affecté en 1908 à l’évêché de Saïgon, tout en publiant des traductions de textes locaux, il déploie un grand zèle à convertir les populations, mais dans le respect des croyances ancestrales. Tout cela lui est reproché par sa hiérarchie au point que, à la suite d’une visite canonique, il est réduit à l’état laïc !  Hospitalisé en 1911 pour crise de paludisme, Maurice épouse la jeune infirmière chinoise qui l’avait soigné. Le couple aura trois enfants. Demeurant à Saïgon, Maurice deviendra interprète et traducteur assermenté dans l’administration coloniale, continuant à publier, dans des revues savantes, des traductions de textes anciens. Il sera même conseiller, à Hué, auprès du jeune empereur Bao-Daï. Un très beau livre, fort bien écrit, qui contribue à réhabiliter, par l’exemple atypique de Maurice Verdeille, l’action civilisatrice de la France en Extrême-Orient.

Didier Béoutis