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Ils ont tout foiré sauf leur carrière

Jacques Guizet, éditions La Bruyère, 2021, 136 p. – 18€

Le titre de l’ouvrage ne ment pas, c’est un pamphlet : « Ils ont tout foiré, sauf leur carrière » …

A lire si l’on veut décharger sa bile sur les pathologies de l’organisation des pouvoirs publics en France : stigmatiser d’une plume mordante les incuries, les passe-droits, les inerties d’une élite intellectuelle sélectionnée par concours hors sol, qui monopolisent les arcanes du pouvoir.

Passer ainsi « au Karcher » l’ENA, l’ENM et l’ENCP d’une critique acerbe, on est loin des subtilités de la pensée de Montesquieu mentionnée à plusieurs reprises mais quel talent dans la polémique ! l’auteur aurait pu ajouter comme référence illustrative le livre-aveu de Jean-Pierre Jouyet L’Envers du décor où indifférentes aux querelles de ces élus navrants du peuple qu’ils estiment surplomber, ces élites se cooptent endogènes sans vergogne et imposent leur vérité.

Oui, comme l’analysait Tocqueville dans les causes de la Révolution française où le corporatisme a eu une part déterminante, ce mal français revient comme l’Hydre de Lerne, un nouveau travail d’Hercule sur lequel nos politiques s’essoufflent.

Non, on ne peut pas tout « gober » sans sourciller, ce procès abrupt à la loi par exemple : Lacordaire réveille-toi ! : « entre le fort et le faible, le riche et le pauvre …, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ».

Il y a dans cet ouvrage comme un écho complaisant et inattendu à la théorie de la déconstruction de Derrida dont on sait aujourd’hui combien elle a désemparé les sociétés occidentales les laissant sans repère d’adhésion.

Bref, un brûlot brillant dont on aimerait qu’avec ce même talent, il soit complété d’une seconde partie fouillée sur les leviers d’une renaissance.

Bernard de Gouttes